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Le blog de La Granvillaise

Bisquathlon : J’ai testé pour vous

29 Septembre 2011, 11:47am

Publié par G BAFFOUR

En découvrant le programme de la saison à venir, puis en imaginant les différents évènements et rythmes que nous allions vivre avec Eric pendant ces quelques mois, je me rappelle avoir buté sur un nom : Le Bisquathlon. Qu’est-ce que cela pouvait-il bien être ? Quelques réponses vagues, ou moi qui ai tout mélangé, avec très vite l’urgence de prendre en main le bateau, de finir de le préparer, puis le tourbillon de la saison. Et nous voilà déjà en septembre…

Alors, ce Bisquathlon ? Coup de téléphone à Yvon, le patron cancalais qui organise cette rencontre de bisquines. Hé bien ce n’est pas une régate. Il ne faut pas non plus courir. Et il n’y a pas vraiment de gagnant ou de perdant. Bien mieux que ça : c’est une course contre la marée à Chausey. Qui n’a jusqu’à présent jamais été réussie !

Troisième édition pour les cancalais, cela aurait dû être la première pour la Granvillaise, mais par manque de participants, cela sera pour l’année prochaine maintenant!

Sentant l’injustice de délaisser un si beau projet de croisière, j’ai décidé de tester pour vous !

 

Surprise à Port Mer pour les cancalais le jeudi 29 Septembre, ils n’auront pas deux, mais trois patrons sur le dos! Je vous passe les détails de la navigation par jolie brise de travers ainsi que mes observations comparatives, à la limite de l’espionnage industriel. Commençons au moment critique où cette course contre la marée aurait pu se jouer : l’apéro. Riches de leurs expériences passées, les cancalais ont su faire preuve cette année de modération, mais on a frôlé la faute tactique… On a vite fait d’oublier le temps qui passe quand il fait beau à Chausey!

Enfin nous débarquons sur la Grande Ile, pour un tour de Chausey… à pieds ! Hé oui, aujourd’hui, c’est la grande marée, 114 de coefficient, un marnage de près de 13m et seulement 60cm d’eau à marée basse. Bien entendu nous ne serons pas les seuls à arpenter les bancs, mais au contraire de tous les autres, nous ne sommes pas là pour pêcher. Si l’on veut finir notre parcours aux Huguenants, mieux vaut ne pas traîner, et pour une fois en grande marée, regarder autre chose que le sable.

 

S’ensuivent 3h de pur émerveillement. « Kouillou », naturaliste amateur, nous mène dans un paysage lunaire à travers les îles, transformées pour l’occasion en monticules de roches aux formes découpées. La mer en a encore pour 2h de baissant, et nous devons parfois trouver des gués pour traverser de petites rivières au courant impressionnant. L’archipel s’offre à nous, certains reconnaissent Anneret au loin, le phare de la Grande Ile, la forêt de mâts du Sound dodeline doucement au dessus du sommet verdoyant d’une île sans nom. Puis nous retrouvons un paysage connu, nous voici dans la plaine du Rétin, avec ses tracteurs et son champ de palourdes, et voici le mouillage des Carniquets. La Granvillaise y vient souvent débarquer ses passagers le temps d’une après-midi, sans risquer de s’échouer, car c’est un véritable trou d’eau, profond de plusieurs mètres à marée basse. Ici, pas la peine d’attendre que la mer continue de descendre, nous ne le ferons jamais à pied ! Alors? Yvon et Benjamin, l’équipage de la Cancalaise, nous attendent sur la plage. Ils nous assureront la traversée en zodiac, ou à la nage pour les plus courageux. Un bon exercice pour savoir évaluer le courant, et surtout le moyen de se rafraîchir par ce temps béni des dieux.

 

 

La traversée continue, à pied, à la nage ou en zodiac, la bonne humeur est comme le temps : au beau fixe. Arrivés au sommet du Lézard, devant cette vue à couper le souffle, c’en est trop. On ne sait plus comment exprimer le bonheur que l’on a de pouvoir être là. Ici. Simplement. La concentration de la descente, dans ces roches glissantes d’algues, n’arrive pas à m’arracher à ma rêverie méditative. J’ai l’impression que le monde se divise en deux catégories : ceux qui marchent et ceux qui pêchent. Mais l’instinct revient vite à la charge : après de nombreux émerveillements, la traversée de Beauchamp pour rejoindre un banc de sable extraordinaire, des piscines d’eau transparente, le paysage des Caniards du Sud qui ne me lassera jamais, voyant la fin approcher, plusieurs d’entre nous craquent et s’adonnent enfin à cette pêche miraculeuse qui fait venir tant de monde dans l’archipel pendant ces quelques jours. Mais pas trop longtemps, car il faut finir, et l’objectif est tout proche! Bientôt il ne restera plus que la passe de la Conchée à traverser à la nage pour atteindre l’île des Huguenants et sa tourelle blanche, où nous attend la bisquine noire. Déjà trois d’entre nous se sont lancés, et Yvon vient nous prévenir que cette année nous avons une chance de finir le Biscathlon, car il n’y a pas encore de courant dans la passe. Cinq minutes plus tard, Kouillou et moi tentons également cette traversée, tandis que les derniers rejoignent le bord en zodiac, les poches pleines de savoureux coquillages. Le courant commence à se faire sentir, et même sacrément ! C’était moins une, quel timing! Un dernier coup d’œil sur la fameuse caillasse de la Conchée, qui me permet de savoir qu’il y a déjà 2 mètres d’eau, et nous voici dans les moulières des Huguenants, puis bientôt à bord.

Tout le monde est tout sourire, quelle journée extraordinaire, et ce n’est pas fini! Ce soir nous dormons à Chausey, le ciel sera certainement magnifiquement étoilé, l’équipage élabore ses plans pour un probable échouage de nuit à Port Homard, les pêcheurs préparent leur récolte, on s’active près de la cambuse, on se baigne une dernière fois, demain nous naviguerons dans l’archipel à marée haute, ça fera une sacrée différence avec le paysage d’aujourdhui! Et puis le bonheur de se réveiller dans une île, quand tout le monde est parti ou pas encore arrivé… Décidément c’était trop bien, vraiment trop bien, il faut que j’en parle aux Granvillais!

 

Géraldine

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